Gavarnie

Ce matin, branle-bas. Mirabelle vient me secouer et comme je ne daigne pas me lever rapidement, j’ai droit à quelques claques sur les cuisses. Rien de bien méchant, ça chauffe un peu et fait circuler le sang.

Petit déjeuner…. Les traditions se perdent dans la caverne. Les tartines sont déjà toutes prêtes et on me les offre sans que j’aie besoin de les voler.


Une petite heure plus tard, nous sommes tous à bord de Chipie en direction du cirque de Gavarnie. Le ciel est gris et nous espérons tous que ça va se lever. Je fais plus ample connaissance avec Namer mon voisin de siège arrière et déjà bonnes blagues et jeux de mots emplissent l’habitacle.

Maître Ours fait remarquer à Mirabelle que je n’aie pas fait mon lit et lui reproche de n’avoir pas contrôlé avant de partir. Une claque sur ses cuisses pour bien lui rappeler ses obligations. Je ne peux qu’approuver cet acte de justice et désapprouver l’injustice que je vais ce soir être corriger histoire de m’apprendre à faire la chambre le matin en me levant.

Arrivé à Gavarnie, il ne fait pas très chaud. Nous nous couvrons. Nous marchons vers l’entrée du sentier et de chaque côté de la voie, les boutiques de souvenirs attirent l’œil des touristes. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux résister de provoquer Mirabelle. C’est plus fort que moi… Ho rien de bien méchant, mais je lui donne le faux prétexte de me mettre devant tout le monde une bonne claque sur le fond de pantalon. Devant sa boutique, une dame regarde la scène. Je la prends à témoin.
- Avez-vous vu madame, j’ai été molesté, vous êtes témoin ?

D’un signe de tête, la dame confirme l’agression.
- N’ai-je pas raison d’agir ainsi avec ce chenapan ? Lui demande alors Mirabelle.

Non seulement la dame approuve, mais en plus, suivi de deux autres collègues de boutique, propose même si besoin de donner un coup de main.

Mon visage se teinte, les bras m’en tombent et mes jambes me portent rapidement loin de cette malsaine devanture.

Incroyable ça, pour un peu j’aurais été tiré vers l’arrière-boutique et je me serais fait rosser par ces trois inconnues et Mirabelle.

Maître Ours et Namer sont pliés de rire.

Beaucoup plus loin, les nuages se déchirent et le soleil commence à éclairer les morceaux d’un grandiose paysage. Magnifiques instants que nos appareils photo vont tenter d’immortaliser.

En début d’après-midi, le ciel est presque totalement bleu, les rayons de l’astre jouent avec les montagnes, les cascades et les glaciers, nous offrant, par intervalles, de belles cartes postales

Tout en grignotant, nous parlons de ce passage devant la boutique et de l’inattendue réponse de sa gérante. Nous avons comme un regret, surtout Mirabelle et moi de n’avoir pas su profiter de la perche tendue, mais l’erreur d’interprétation est si facile qu’il vaut mieux en être bien certain avant de foncer tête baissée dans la brèche ouverte. Nous décidons donc, qu’au retour, si la dame est toujours présente devant sa boutique, de risquer une nouvelle approche un peu plus explicite. Franchement, même si je l’avoue je ne serais pas très à l’aise, l’expérience me tente. D’ailleurs, si j’en crois le visage de Mirabelle, maître Ours et Namer, même si ce n’est pas pour la même sensation, ils sont également partants.

Nul d’entre nous ne verra l’arrière-boutique. Quand nous sommes repassés devant le commerce, les clients étaient nombreux et les dames bien trop occupées. Nous ne saurons donc jamais si….

En revanche, ce qui est certain, c’est que ce soir je vais être corrigé pour mon lit pas fait et mes multiples bravades et crâneries de la journée qui on été bien secondé par mon complice Namer, voir même provoquées ! Mais comme le dit Mirabelle :
- Je ne lève jamais la main sur mon amour, donc tu payeras pour lui mon petit Mike !

Cruelle existence que celle d’un souffre-douleur comme moi, mais que faire d’autre que porter sa lourde croix et baisser la tête devant l’aveugle adversité supérieure en nombre.